Stage « matières d’ombres »

20160311_135455'« Matières d’ombre », est le fil conducteur et l’enjeu des propositions de créations lors de ce stage. C’est aussi une résonnance à la technique de gravure dite manière noire dans laquelle la dramaturgie de l’ombre est mise en exergue.

En novembre 2015, Vincent Servoz, professeur d’arts plastiques, me propose de réfléchir à une proposition d’intervention sur deux jours, dans le cadre de son projet d’une semaine de création qu’il met en place à l’écodomaine des Gilats, dans l’Yonne, pour des élèves de terminale…

Après plusieurs échanges sur les possibles propositions que je pourrais faire à partir de ma pratique artistique personnelle, je décide de choisir une technique qui allie dessin et peinture à l’huile tout en conservant une certaine facilité de mise en œuvre. Chaque élève peut se réapproprier aisément la technique et laisser place à sa créativité. Je prévois aussi d’introduire des outils inhabituels (coton-tige, papier toilette, manche de pinceau) qui laisse entrevoir, au-delà de la dimension ludique, que la peinture à l’huile n’est pas un matériau réservé aux seuls « initiés »…

Lors de la première séance, le fusain est utilisé comme outil de noir. Ce dernier est employé à la fois pour obscurcir totalement la feuille mais aussi pour ébaucher les grandes zones de la composition. A partir de cette « obscurité » initiale sont créées progressivement les lueurs puis les lumières pour enfin arriver aux éclats. Cette technique simple dans sa mise en œuvre permet d’introduire un processus d’élaboration de la forme qui sera repris dans la technique suivante.

20160311_135502(2)Le deuxième jour, un support préparé au préalable est noirci intégralement avec de la peinture à l’huile. Le manche du pinceau utilisé comme stylet permet d’ébaucher les grandes lignes de la composition. A l’instar de la technique précédente, les lueurs, lumières, et éclats sont constitués progressivement. Les outils de retrait de la couleur noire sont du papier toilette, des coton tige, etc.

Par un travail de « sculpture » de la matière d’ombre, par des actes de retrait et non d’ajout, les formes naissent peu à peu, surgissent et se transforment. L’attention portée sur le rapport intime entre fond et forme, et introduit de manière indirecte par la constitution progressive de l’entour. C’est dans cette progressive construction du « fond » que la forme sourdre peu à peu. Chacun est invité à se réapproprier la consigne et l’ébauche initiale, à faire des choix, à décaler son regard. Par rapport au projet initial, de nouvelles directions apparaissent, parfois inattendues… chacun instaure peu à peu une dramaturgie de l’ombre dans une composition originale et personnelle.

20160311_135502(3)Lors de ces deux jours, les élèves sont très réactifs. Il semble que le cadre général de cette semaine, l’ouverture des professeurs et l’implication des jeunes dans le projet, contribuent beaucoup à leur adhésion et participation active à cet atelier. Je constate que chacun à sa mesure entre rapidement dans un processus de découverte, d’expérimentation et de création. J’observe que certains commencent de nouvelles réalisations afin de prolonger leur expérimentation au-delà du temps d’atelier.

Les temps hors atelier, sont aussi propices à de nombreux échanges. Certains montent leur intérêt et m’exposent leurs questionnements sur la réalité quotidienne de la création artistique et sur le statut d’artiste.

L’expérience et le vécu de ses deux jours avec les élèves et leurs professeurs, ont été une véritable source d’enrichissement, de réflexion autour de la création, mais aussi de rencontres et de partages avec de jeunes adultes en devenir qui ont fait preuve de curiosité et d’implication dans le processus de création…

Paris, mars 2016
Patrick Laurin

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