« OMBRES », press-book

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Visuel de l’exposition réalisé par Catherine Lhuissier

 

extrait du Press-Book édité pour l’exposition au Bouche-à-Oreille, Tulle :

Ombres-Corps

Depuis quelques années, la recherche picturale personnelle de Patrick Laurin interroge l’Ombre comme présence, comme entité plurielle qui témoigne et signe notre altérité. Cette présence sourde et se démultiplie au point de rencontre entre le corps et cet « autre » mobile et fugace. L’Ombre prend chair et devient sujet… dans la reconnaissance de notre propre étrangeté, la rencontre de l’autre devient possible… Cette exposition présente une sélection de ses travaux récents : pierre noire, huile, cire et pigment, ainsi que les toutes dernières réalisations avec la technique du monotype.

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 » Les corps jouent de l’union indissociable avec l’ombre qui émane d’eux mais demeure toujours partiellement autre. Interrogé par la pensée de Paul Ricœur, développée dans son ouvrage «Je est un autre”, je tente de questionner cette identité-ipséité, distincte de la notion d’identité- mêmeté. »

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Blanco

[…]
caes de tu cuerpo a tu sombra no allá sino en mi ojos
en un caer inmóvil de cascada  cielo y suelo se juntan
caes de tu sombra a tu nombre intocable horizonte
te precipitas en tus semejanzas yo soy tu lejanía
caes de tu nombre a tu cuerpo el más allá de la mirada
en un presente que no acaba las imágenes de la arena
[…]
tu tombes de ton corps à ton ombre et rien que dans mes yeux
dans une chute immobile de cascade le ciel le sol se joignent
tu retombes de ton ombre à ton nom intangible horizon
tu te précipites sur tes ressemblances je suis tes lointains
tu retombes de ton nom à ton corps l’au-delà du regard
dans un présent qui ne finit pas les imaginaires du sable
[…]
Octavio Paz, Versant Est et Autres Poèmes, Poésie Gallimard, 1978

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« La part de l’ombre, 2009 Réminiscences de la scène de Scycione, mouvance d’une ombre qui précède le départ de l’être et déjà porte l’empreinte de son absence, tremblement d’une présence qui tente d’échapper à sa délinéation… je cherche. »

Patrick Laurin, Paris 2009

« Umbral, au seuil de l’ombre, 2011 Un corps, qui n’est plus qu’en partie dans l’espace de représentation, vacille, trébuche, hésite sur le seuil de l’ombre. A l’instar du seuil entre deux pièces, habituellement perçu comme une ligne au sol, nous percevons et réduisons l’ombre à sa projection manifeste sur une surface. Je tente d’étendre l’acception de l’ombre au volume sombre, un entre-deux, entre le corps et la surface ombrée. La dichotomie entre le corps et l’ombre, apparemment factuelle par l’emploi du format diptyque, n’a pas pour projet d’opérer une fracture mais bien d’établir un seuil, lieu de leur union, afin d’en explorer l’entour. »

Patrick Laurin, Paris 2011

« Ipseidad, 2015 Dans la série « Umbral » [seuil], dans la rencontre entre corps et ombre, j’explorais ce lieu d’équilibre où s’ouvrent une absence, un espace pour une présence à venir. Actuellement, je poursuis ma recherche dans l’entour de l’ombre avec cette nouvelle série « Ipseidad » [ipséité] : une présence semble sourdre et se démultiplier au point de rencontre entre un corps et « l’autre » de l’ombre… »

Patrick Laurin, Paris, 2015

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« Alteridad / Ipseidad », altérité et ipséité L’ombre a progressivement pris « place » dans mon travail. Dans les séries « Terre d’ombre » et « la part de l’ombre », les ombres issues de corps se projetaient sur une surface pour peu à peu chercher leur autonomie. Puis dans la série « Umbral »(seuil), j’expérimentais cette autonomie en coupant l’espace pictural sous forme de diptyque. La césure créait un lieu où pouvait se déployer une entité autre. Dans la série « Alteridad »(altérité), je tentais de décliner ces autres de soi. Puis vint la série « Ipseidad »(ipséité) : continuum du soi, permanence dans la perception de soi, en dépit de toutes les entités qui nous constituent. À chaque âge notre être est modelé, transformé par nos expériences. Néanmoins persiste notre sensation d’unité, de rassemblement de ses multiples pour constituer notre identité profonde… Mon travail se poursuit avec les séries actuelles : « Multiples » et « Ombres », explorant la relation à l’autre de l’ombre… Actuellement, nous assistons à des tentatives de rejeter ou d’annihiler toutes différences, de plier l’autre à nos modèles de pensée, de le conformer, par la toute-puissance de nos certitudes, de nos seules croyances, morales et vérités. La confrontation et / ou la complicité avec ces autres de soi ne pourrait-elle être une voie pour une possible rencontre de l’autre… notre semblable humain, porteur lui aussi d’altérité ?

La technique mixte pierre noire, cire et pigments

Ces réalisations procèdent de l’enchaînement d’émergences et de disparitions. La succession d’ajouts et d’effacements met en jeu la pierre noire, des noirs obtenus par mélange de couleurs complémentaires, puis divers frottages et gommages. La cire d’abeille appliquée chaude permet des fondus, des opalescences, mais aussi de créer une trame en matière qui résonne avec trace graphique de la pierre noire. Enfin l’emploi de cire pigmentée vient rehausser le grain de la lumière. Les formes surgissent par constitution de l’entour.

La technique du monotype sur verre /

A l’instar de la technique précédente, il s’agit là d’un même processus d’émergence de la forme par constitution de l’entour. Une plaque de verre est enduite à l’aide d’encres pour gravure dont les couleurs s’annulent jusqu’à tisser un champ d’obscurité. La lumière n’est pas posée sur les formes. La matière sombre se rétracte, se replie, s’allège peu à peu. Elle devient enveloppe et contenant d’où vont sourdre peu à peu la présence d’une entité ombre-corps.

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